FAUSTIN EHOUMAN

Lutte contre les inondations : Ce qui attend Bonoumin et Synacassci

Les quartiers Bonoumin et Synacassci (M’Pouto) dans la commune de Cocody ont été classés zones d’utilité publique par le gouvernement en Conseil des ministres du mercredi 13 juillet 2023.  De grands ouvrages de drainage des eaux pluviales vont y être construits. Notre dossier.

 

A chaque saison des pluies, les habitants de certains quartiers du district d’Abidjan vivent la peur au ventre. Les inondations et les éboulements causent de gros dégâts matériels et humains, comme c’est le cas cette année où l’on compte déjà plus de 30 mortsdans différents quartiers de la capitale économique.  Ce qui a poussé le gouvernement à donner un coup d’accélérateur à son programme de lutte contre les inondations.

Ainsi, les quartiers Bonoumin etSynacassci (M’Pouto) dans la commune de Cocody, régulièrement frappés par les inondations, ont été classés zones d’utilité publique lors du Conseil des ministres du mercredi 13 juillet 2023. A travers cette décision, le gouvernement annonce d’importants travaux d’assainissement qui vont y être menés incessamment.

En effet, de ouvrages de drainage des eaux pluviales vont être construits dans les bassins versants de Bonoumin et de M’Pouto, dans le cadre du Projet d’assainissement et de résilience urbaine (Paru) financé par le Groupe de la Banque mondiale et mis en œuvre par le ministère de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité. L’idée étant de contenir et réguler l’écoulement des eaux de pluie afin d’éviter qu’elles ne se dispersent et causent des inondations.

 

Les impactés informés

 

Esther Ablavi dit être consciente du danger qui la guette en vivant dans sa baraque en bordure d’un gros ravin à la Riviera-Bonoumin (DR)

Nous avons parcouru ces deux bassins, le 21 juillet, avec des équipes du Paru. La canalisation dans le bassin versant de M’Pouto (Synacassci) partira de la cité ATCI vers le camp Akouédo jusqu’au canal de la cité Verdoyante à la Riviera 4, où elle rejoindra une canalisation existante qui, elle, s’écoule jusqu’à la lagune. Dans ce bassin, les canalisations seront construites sur un linéaire total d’environ trois kilomètres.

Pour le bassin de Bonoumin, les canalisations partiront d’Angré Caféier 5 cité Fondasso jusqu’à la lagune ébrié au niveau de la Riviera-Golf en transitant par la digue de Bonoumin. Ce sera un linéaire total d’environ cinq kilomètres.

C’est dans ce passage naturel de l’eau qu’on peut bien voir au niveau du Pont Soro que les ouvrages de drainage vont être construits. Par endroit, ce passage est obstrué par les populations, essentiellement par des activités économiques et des débordements de concessions.

La plupart de ces occupants illégaux de l’emprise du projet sont informés des travaux qui vont bientôt être réalisés. Et sont préparés en conséquence. « Cela fait plusieurs mois qu’on nous a informés des travaux qu’ils vont faire ici. Il y a vraiment besoin de créer une grande canalisation ici pour contenir l’eau qui arrive ici.  Des gens nous ont enregistrés et nous ont dit qu’on allait être pris en compte. Quand ils seront prêts pour le travail on va devoir partir », dit Abou B. le gestionnaire adjoint d’un lavage auto, construit sur l’emprise des canalisations à Angré Terminus 81-82.

C’est le même son de cloche que fait entendre Esther Ablavi rencontrée du côté de la Riviera Bonoumin dans les environs du collège Fred et Poppée. Avec son frère, elle vit depuis trois ans dans une baraque dangereusement située au bord du grand ravin, dans l’emprise de la future canalisation. « Des gens sont venus nous prévenir qu’on va devoir quitter les lieux. Mais ils ne nous ont pas encore donné un délai pour partir. Effectivement c’est dangereux de vivre à côté de ce trou, mais nous sommes là parce que nous ne savons où aller », se désole-t-elle.

 

Gêner le moins possible

 

Personne n’est donc surpris par ce qui va être fait. Bien au contraire les gens attendent les travaux avec impatience, vu l’état de dégradation causé par les eaux pluviales. « Ici, une année l’eau était montée jusqu’à engloutir la chaussée. Cette année, on n’en est pas encore là, mais il y a urgence d’agir. Voyez vous-mêmes comment le sable s’est entassé là. Merci déjà au gouvernement pour ce qu’il prévoit de faire », se réjouit un sénior habitant non loin de la digue de Bonoumin.

Marqués par des signes bien visibles, l’essentiel des biens qui vont devoir être détruits sont situés dans l’emprise prévue depuis bien longtemps. Cela dit, à certains endroits, comme au niveau de la vallée passant sous le Pont Soro, il y a des terrains nus, des propriétés privées, qui vont devoir être touchés. Que ce soit pour les propriétaires de ces terrains ou pour tous ceux qui vont subir les impacts, une compensation est prévue.

« Nous procéderons plus aux déplacements économiques c’est-à-dire les activités économiques installées sur l’emprise des canalisations. Le projet a été conçu de sorte qu’onn’ait pas beaucoup de déplacements physiques à faire c’est-à-dire les habitations. Les populations riveraines, qui ne sont pas dans le domaine public seront juste un peu gênées pendant le déroulement des travaux. Mais il ne sera pas question de casser leurs maisons. Tous ceux qui seront impactés seront indemnisés, avant que les travaux ne commencent », explique Georges Kouakou, consultant au Paru.

Georges Kouakou, consultant au Paru

 

Bientôt les indemnisations

 

A l’en croire, le Plan d’action de réinstallation (Par) des personnes impactées est en train d’être achevé. « Nous sommes actuellement à près de 90% de tout ce qui est recensement des personnes affectées par le projet. Au plus tard la fin de ce mois(Ndlr : juillet 2023), nous allons déposer notre rapport provisoire au Paru. Une fois le rapport validé, toutes les personnes qui auront été recensées seront convoquées pour leur présenter les mesures compensatoires qui auront été arrêtées. Il s’agira plus de la restitution des moyens de subsistance, de renforcement des capacités pour ceux qui tiennent des activités économiques et de dédommagement pour ceux qui perdront leurs terrains », explique-t-il.

Ces canalisations passant à Angré Terminus 81-82 vont être agrandies et prolongées (Dr)

Sur les deux bassins (Bonoumin et M’Pouto), des barrages et des stations de traitement des eaux usées vont être construits à différents niveaux du tronçon des canalisations, avec pour objectif de réguler le débit des eaux qui arrivent et de faciliter leur rejet dans la lagune ébrié.

FAUSTIN EHOUMAN


Début septembre : démarrage des travaux à Yopougon et Grand-Bassam

Lazeni Ouattara, coordonnateur du Paru (Projet d’assainissement et de résilience urbaine)

Dans la commune de Yopougon et dans la ville de Grand-Bassam, des ouvrages pour la canalisation des eaux pluviales vont aussi être construits dans le cadre du Projet d’assainissement et de résilience urbaine (Paru). Selon le coordonnateur du projet, Lazeni Ouattara, les travaux dans ces deux localités, devraient démarrer début septembre. A l’en croire, toutes les études techniques ont déjà été menées, les populations impactées indemnisées et les entreprises exécutantes sélectionnées. Ces dernières sont en train d’achever l’installation de leurs bases vie. A Yopougon, précise le coordonnateur du Paru, les travaux se dérouleront dans les quartiers de Gesco et de Port-Bouet 2 et dureront 10 mois tout comme à Grand-Bassam. Ces deux localités enregistrent chaque année des inondations qui font d’importants dégâts matériels et parfois des morts.

F. EHOUMAN


Après des études de géographie à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan et des diplômes en musique et communication obtenus à l’Institut national supérieur des arts et de l’action culturelle (Insaac)Faustin Ehouman décide finalement de bâtir une carrière de journaliste, ce métier qui l’a toujours passionné[…]

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