Echangeurs, routes, écoles, éclairage public, adduction d’eau potable, assainissement, sécurité… Autrefois appelée Abobo ‘‘la guerre’’ ou ‘‘Bagdad’’ en référence à la capitale déstabilisée d’une Irak en guerre, la commune populaire du nord d’Abidjan fait peau neuve à la grande satisfaction de ses habitants. Tour d’horizon non exhaustif des chantiers achevés et ouverts aux quatre coins de la commune. Reportage.
Le premier échangeur d’Abobo d’ici fin 2024
Mouvements énergiques d’ouvriers. Bruits assourdissants toute la journée. Ronflements incessants de machines de Btp. Le ronronnement de ces puissants engins a chassé le brouhaha quotidien des nombreux gbakas (minicars de transport intercommunal) et taxis communaux au rond-point de la mairie d’Abobo. S’est ouvert là, depuis neuf mois, un immense chantier routier.
Les commerçants ambulants et les gnanboros (démarcheurs) pour gbakas ont déserté les lieux. Juste une petite colonie tenace est encore présente. Pour eux, il n’y a plus de places, le chantier occupe tout l’espace. Les automobilistes venant d’Adjamé via l’autoroute Rn1 ne peuvent plus passer par là pour continuer dans le sens Avocatier, ils sont contraints de faire le grand tour. Une déviation à droite a été créée pour eux, juste après le feu du carrefour Banco. Un véritable slalom.
Sous le regard du visiteur, l’immense déblai créé par ce chantier s’étend du deuxième arrêt (de bus) à la pharmacie de la Mé, à une cinquantaine de mètres après la mairie. Solidement barricadé, le périmètre prend toute la largeur de la chaussée dans les deux sens. On l’aperçoit même depuis le carrefour Banco. Une clôture de protection en tôle épaisse posée sur des blocs de béton armé, cache les nombreux ouvriers actifs et les machines en mouvement.
Coût du projet : 79 milliards de F Cfa
En tout cas, rien n’est plus comme avant au rond-point de la mairie d’Abobo. Constat que nous faisons le vendredi 20 mai 2022. S’il avait été annoncé depuis quelques années des investissements dans toute la commune, on n’avait cependant pas idée du changement que cela allait entraîner comme c’est déjà le cas au rond-point de la mairie. Le paysage y a changé de visage. Depuis neuf mois, ça cravache avec panache et sans relâche. Là, sortira d’ici fin 2024 un échangeur. Pas n’importe lequel. Ce sera une infrastructure ultramoderne qui va changer le visage et la réputation d’Abobo, annoncent les services techniques de la mairie.
Coût global du projet : 79 milliards de FCfa, précise le chef du projet, Soro Siramani Guénidjalé, rencontré sur place. C’est le premier échangeur de la commune. Également la plus grande infrastructure routière qu’elle n’a jamais eue. Si l’on s’en tient à la maquette du projet, Abobo ‘‘la guerre’’ ou encore ‘’Bagad’’, changera pour être désormais… Abobo la coquette.
Fierté
L’embryon de cet échangeur impressionne déjà plus d’un. « Rien qu’à voir cette grande fosse, toutes ces machines et tous les travaux qui se déroulent ici, on s’attend à quelque chose d’impressionnant à la fin. Nous aussi, nous pourrons dire qu’on a un échangeur digne de ce nom chez nous à Abobo. Je suis très fier et reconnaissant au gouvernement ainsi qu’à nos autorités locales qui font en sorte que nous n’ayons plus rien à envier aux autres communes », se réjouit Jérôme Koffi, un usager résidant au quartier BC, qui était de passage au niveau du chantier.
Bien qu’on ait ouvert des voies de contournement, les automobilistes sont quand même gênés par les ralentissements que ces travaux causent. Mais qu’à cela ne tienne, la fierté qu’ils ressentent de voir ce grand projet se réaliser sous leurs yeux n’en est aucunement entamée. « Actuellement, on pleure à cause des embouteillages, mais bientôt on va sourire », affirme un autre automobiliste, optimiste.
Djénéba Traoré, vendeuse d’oranges, fait partie des quelques commerçants ambulants qui ont opté pour continuer à exercer là, aux alentours du chantier. « Je suis pressée de voir la fin des travaux, puisqu’on a rarement vu de tels projets ici dans notre commune », s’impatiente-t-elle.
Un aménagement futuriste
A en croire le sous-directeur des services techniques de la mairie, Moussa Koné, les travaux de cet échangeur consisteront à réaliser un échangeur avec trémie, un peu comme celui du carrefour de la Riviera II. Sauf que celui-ci sera surplombé par un aménagement pour le moins futuriste. Ce sera la «Place Alassane Ouattara» déjà baptisée ainsi du côté du Conseil municipal.
Concrètement, il s’agira de la réalisation d’un passage inférieur de type portique double en béton armé deux fois trois voies fluidifiant la circulation sur l’axe Adjamé-Abobo-Anyama et assurant plus de sécurité aux piétons. Sur la partie supérieure de cette voie souterraine sera aménagé un giratoire, avec des contre-allées et des bretelles de raccordement, sans oublier des ouvrages d’assainissement.
Tous ces ouvrages contourneront la future place Alassane Ouattara qui est prévue pour être un espace reposant qui laissera libre cours à la rencontre des populations et qui pourra accueillir tous types de spectacles à ciel ouvert. Est associé à cet échangeur le bitumage de 20 Km de voirie dans la zone; ce qui a déjà été réalisé.
Les dizaines d’ouvriers sur le chantier sont à la tâche. Ils exécutent avec précision leurs différentes tâches, tenus qu’ils sont de livrer un chantier sans tache. « On nous a demandé de finir dans les délais et que le travail soit impeccable. On travaille à l’atteinte de ces objectifs », confie l’un d’entre eux. Actuellement, ils en sont à la réalisation du gros œuvre.
FAUSTIN EHOUMAN
Le Plan Ado pour un Abobo eldorado
Les travaux de construction de l’échangeur du rond-point de la mairie d’Abobo avancent bien. Ce projet s’inscrit dans le Plan d’urgence pour Abobo dénommé Plan Ado, estimé à 173 milliards de FCfa et qui avait été élaboré sous la conduite de feu le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
Lors de la cérémonie de réouverture de l’hôpital général Félix Houphouët-Boigny d’Abobo-Nord, le 21 juin 2019, feu Amadou Gon Coulibaly avait fait savoir que ce Programme d’urgence pour la commune d’Abobo comptait 83 projets à fort impact social.
Ils se répartissent comme suit : 25 projets de renforcement des infrastructures économiques, 35 projets de mise aux normes des services et équipements sociaux collectifs, 14 projets d’amélioration de l’environnement urbain, six projets de promotion de la sécurité et de la protection civile et trois projets d’appui à l’insertion économique des jeunes.
Tous ces projets devraient permettre à Abobo de rattraper son retard infrastructurel et en faire une cité moderne et attractive qui ne sera plus considérée comme la zone de relégation d’Abidjan.
F. EHOUMAN