Ces trois dernières années, le gouvernement a engagé plusieurs dizaines de milliards de F Cfa pour relever le niveau des infrastructures à Abobo. Les résultats commencent à se faire ressentir… même s’il y en a qui en redemandent.
Des chantiers ouverts tous azimuts
Devant le Groupe scolaire d’excellence Children of Africa à Abobo-Anador inauguré le 8 octobre 2020, passe une route de deux fois deux voies, construite en même temps que l’école et ouverte à la circulation fin 2020. Cette voie qui fait le pourtour de l’établissement, va jusqu’à la pharmacie Dokui et doit rallier prochainement Angré Pétro Ivoire en passant par Aboboté. Le 20 mai, au cours de notre reportage dans la commune, nous l’avons empruntée jusqu’à la pharmacie Dokui, histoire d’apprécier le confort de route. Le trajet est pour le moins agréable ! Aucun nid de poule ni d’affaissement du bitume.
Les panneaux de signalisation, le marquage au sol et toutes les autres informations visuelles sur cette route aident l’usager à faire une bonne conduite.
Francis Atsè que nous rencontrons au Dokui, aime, lui aussi, rouler sur cette voie. Il habite à Abobo-Anador et travaille ici au Dokui. Avant, il lui fallait faire un long et périlleux détour pour arriver à son lieu de travail, puisqu’il n’y avait de bonne route. Mais les choses ont bien changé. « J’arrive facilement au travail désormais et ma voiture souffre moins puisque cette route a été très bien faite et raccourcit mon trajet », se réjouit-il.
La voirie au cœur des enjeux
En effet, ces deux dernières années, il y a eu pas mal de travaux de la voirie à Abobo et ces travaux se poursuivent. Le long des artères principales, la voirie a été rénovée, les axes routiers agrandis et certains lieux anarchiques évacués de leurs occupants. A Sogefiha, quartier de la classe moyenne d’Abobo, le décor est celui de petites villas de fonctionnaires, loin des habituels logements de fortune. Les jeunes de ce quartier affichent de plus en plus les habitudes de leurs pairs de Cocody ou de la Riviera.
« Avant, quand j’allais passer les vacances chez mon oncle à la Riviera-Palmeraie, il nous emmenait régulièrement voir des spectacles et manger dans des jolis restaurants. Après les vacances quand je revenais ici à Abobo, je me sentais triste parce qu’ici je n’avais pas accès à ces choses-là. Mais maintenant, j’ai la possibilité d’aller voir quand je veux une exposition ou un spectacle au Mucat avec mes amis ou de venir ici dans ce joli glacier de mon quartier », affirme Ulrich Djédjé, rencontré dans un restaurant-glacier ouvert récemment au quartier Camp Commando.
Façade vitrée, candélabres bien lumineux, porte à ouverture automatique, animation dans l’enseigne…devant ce glacier, on se croirait dans un quartier chic d’Abidjan comme Biétry ou Angré 8e Tranche. Mais, on est bel et bien à Abobo nouvelle formule.
En effet, les boulangerie-pâtisserie-glaciers connaissent un boom dans la commune ces dernières années. On peut le remarquer, par exemple, sur les abords des voies principales du Dokui et de N’Dotré. Le nouvel Abobo, c’est aussi et surtout les routes, qui concentrent la plus grande partie des investissements publics.
A ce sujet, notons que la ceinture des quartiers comme Bois sec à Pk 18 ou Anonkoua-Kouté a été réalisée entre 2020 et fin 2021. Les voies menant à des écoles et des centres de santé comme le Collège moderne d’Abobo à Pk 18, le Lycée municipal et l’hôpital Houphouët-Boigny ont été bitumées. Et dans des quartiers comme Bokabo, Désert, Agbékoi et Assomin, presque toutes les voies ont été revêtues d’un beau bitume. Rien n’est fait au doigt mouillé. Les quartiers qui n’ont pas encore eu de bitume, comme Marie Blanche à Plaque 2, Avocatier et Marché Belle-ville, ont néanmoins bénéficié d’un reprofilage lourd, en attendant que toutes les voies y soient bitumées. Toutes choses qui font que circuler à Abobo aujourd’hui, à part les zones où ont été ouverts de grands chantiers, est devenu chose aisée.
Un développement inclusif et participatif
L’assainissement fait également partie des priorités du gouvernement dans cette commune. En effet, plusieurs travaux de canalisation des eaux usées ont été réalisés et d’autres en cours. Du rond-point de la maire jusqu’à l’exutoire du quartier Agbékoi, par exemple, a été construit un micro tunnelier souterrain de plusieurs mètres de profondeur et d’un très large diamètre, sur un peu plus d’un kilomètre, pour le drainage des eaux pluviales. A Agbékoi, de grandes canalisations ont été faites pour éviter les inondations en cas de fortes pluies. Et les caniveaux sont constamment curés partout dans la commune.
Idrissa Doumbia prend part régulièrement à ces travaux de curage des caniveaux de son quartier, Kennedy. Avec lui, plusieurs autres jeunes du quartier sont associés. « C’est notre quartier, nous devons en prendre soin. C’est pourquoi nous n’hésitons pas à répondre à l’appel de la mairie. Il faut dire que la plupart des travaux qui sont réalisés dans la commune sont effectués avec nous les jeunes et cela nous fait plaisir », se félicite-il.
L’électrification peut être considérée aussi comme un indice du développement en cours d’Abobo. En effet, à ce jour, les 90 Km² qui constituent la superficie de la commune sont entièrement éclairés, peuvent s’en targuer les autorités municipales. L’éclairage public été en effet renforcé. Et sur pratiquement tous les ronds-points et les intersections de voies bitumées, des feux tricolores, autrefois présents seulement sur les voies principales, ont été placés. Aussi, de grands poteaux électriques donnent-ils suffisamment de lumière à la tombée de la nuit. Au point même de pouvoir retrouver une aiguille qui tombe, comme s’en vante Sabine Yéo que nous rencontrons aux environs de 20h au quartier Agripac.
L’eau potable, le couac !
Pour elle, si l’éclairage n’est plus un problème, il est temps qu’il en soit de même pour l’eau potable. « Ce que nous attendons maintenant c’est un règlement définitif des problèmes d’eau », balance-t-elle.
En effet, malgré les efforts consentis et de gros investissements sur la période 2010-2020, il faut dire qu’Abobo souffre encore de problèmes d’adduction d’eau potable, surtout dans des quartiers comme Pk18, N’Dotré et Dokui. Pour régler définitivement ce problème, de gros travaux ont été lancés en 2021. Il s’agit de la pose de grandes canalisations et de la construction de châteaux d’eau, comme il y en a eu à Biabou, à Avocatier et à N’Dotré.
Sur le front sécuritaire, des actions sont également entreprises et matérialisées notamment par la construction d’un nouveau commissariat à Anonkoua-Kouté et le renforcement en personnel et en équipements des unités de la police et la gendarmerie.
Comme quoi, Abobo est en train de se rapprocher sur le plan infrastructurel des communes les plus évoluées comme Cocody avec qui elle fait frontière à l’est. Tout cela, ajouté à l’émergence d’une classe moyenne à Abidjan y compris à Abobo, fait l’affaire de grandes enseignes comme Sococé qui, depuis fin 2020, y a ouvert dans presque tous les quartiers, de nombreuses franchises.
FAUSTIN EHOUMAN
Nous voulons une zone industrielle
Pour certains Abobolais que nous avons rencontrés, tous les efforts qui sont consentis actuellement pour le développement de leur commune ne sont que structurels. Ils ne touchent pas encore les vrais problèmes auxquels ils sont confrontés.
« Quand vous sortez des grandes artères, quand vous grattez le vernis, vous vous rendez compte que la réalité d’Abobo demeure. Il y a eu des efforts certes, mais ça reste structurel, ça n’a pas beaucoup impacté les populations. Il y a encore de l’anarchie dans le cadre urbain. Le chômage, l’informel et la précarité sont encore forts », note Agnon Kouamé, le sourire en coin.
« Ce que nous voulons c’est du concret. Il nous faut par exemple de grands centres commerciaux comme on en voit à Cocody ou une grande zone industrielle comme celle de Yopougon qui créera beaucoup d’emplois pour les jeunes», plaide pour sa part Diarra Korotoumou.
Sous l’impulsion du gouvernement soutenu par les autorités locales et quelques personnes de bonne volonté, la commune cosmopolite d’environ deux millions d’habitants poursuit sa marche vers la modernité à la grande satisfaction des habitants, même s’il y en a encore qui en redemandent.
F. EHOUMAN