La petite histoire d’Abobo : Tout est parti de Marley
Faisant partie des 13 communes du district d’Abidjan, Abobo est une cité dortoir située tout à fait au Nord d’Abidjan. Forte de son million et demi d’habitants – une estimation des autorités municipales – et ses 90 Km² de superficie, elle fait partie des quartiers les plus densément peuplés de la capitale économique.
Avant les années des indépendances, raconte Bézème Kouamé, l’un des doyens d’âge de la commune et membre du conseil municipal, se trouvaient sur le territoire de la commune des petits villages ébrié clairsemés tels que Abobo-Té, Abobo-Baoulé et Anonkoi-Kouté. Abobo était au départ la terre cultivable des différents chefs de famille de ces villages. Le nom de la commune vient du mot ébrié ‘’a bor bor’’ qui veut dire ‘’c’est beaucoup’’.
L’extension et le peuplement de la commune commencent à partir des années 1970 précisément au quartier Marley dans la zone appelée Abobo-Gare puisque c’est dans ce quartier que s’est créée la toute première gare de transport routier juste en face de la mairie. « C’est Marley qui a fait d’Abobo ce qu’elle est aujourd’hui », soutient Bézème Kouamé.
A l’en croire, celui qui a fait construire le premier château d’eau de la commune se nomme Joseph Koffi, le propriétaire du très populaire collège Saint Joseph en face de la mairie d’Abobo.
Ensuite, à partir de 1972, avec l’appui financier de l’Usaid, l’Agence américaine pour le développement international, un autre quartier tout aux alentours de la mairie sur un large périmètre s’est formé et s’appelait les 112 hectares. Dans la foulée, a été construite la cité Sogefiha, très moderne à l’époque et destinée aux cadres d’un certain niveau.
« C’était l’un des plus beaux quartiers d’Abidjan. A la Sogefiha, on se croyait dans une vallée de la France. On ne parlait pas de vol ou de toute autre forme de criminalité comme on en voit aujourd’hui », se souvient le doyen Bézème Kouamé, nostalgique. Il fait partie des premiers résidents de ce quartier.
Des années plus tard, à partir de la fin des années 1970, explique Gilbert Yassi, géographe à l’Ecole normale supérieure (Ens), lorsque les populations installées anarchiquement dans les autres communes telles que Cocody et Adjamé ont commencé à être déguerpies, elles ont trouvé refuge à Abobo où elles pouvaient facilement trouver un terrain et des maisons à loyers très accessibles.
Zone de relégation donc d’Abidjan, Abobo joue depuis lors ce rôle de refuge pour les personnes à revenus faibles dont les migrants venant pour la plupart des pays de l’hinterland. La commune abrite notamment la gare ferroviaire de l’axe Abidjan-Ouagadougou, où s’installèrent dans les années 1970 les habitants du Nord ivoirien et du Burkina Faso.
Limitée au nord par la commune Anyama, au sud par Williamsville, Adjamé et les Deux-Plateaux, à l’est par Cocody-Angré et à l’ouest par la forêt du Banco, la commune d’Abobo abrite une population cosmopolite très active dans le commerce et les services notamment dans le secteur informel.
FAUSTIN EHOUMAN
Les différents maires d’Abobo depuis 1982
Abobo a connu plusieurs maires depuis le découpage administratif d’Abidjan survenu à la fin des années 1970. De 1982 à 1985, la commune a eu son premier édile en la personne de Gérard Koutouan. Un autre Gérard siège à la tête de cette municipalité en 1985 lorsqu’Abobo est devenue une commune de plein exercice et l’a dirigée jusqu’en 1990. Il s’agit de Gérard Aké Loba. Après lui, est arrivé Adama Sanogo qui fut maire entre 1990 et 1995. De 1995 à 2000, ce fut le temps de Koné Gogé qui a été suivi, de 2001 à 2018, par Adama Toungara qui est l’actuel Médiateur de la République. Feu Hamed Bakayoko a succédé à ce dernier en octobre 2018 et est décédé en cours de son mandat le 10 mars 2021. Quatre mois plus tard, en juillet 2021, les conseillers municipaux ont voté à l’unanimité la ministre d’Etat Kandia Camara, qui est devenue ainsi la première femme maire d’Abobo.
F.EHOUMAN