Le faubourg situé au nord de la commune d’Abobo souffrait d’une carence en infrastructures. Le gouvernement a décidé d’y intervenir en commençant par le plus urgent. De gros ouvrages de drainage des eaux pluviales ont été construits au bénéfice des centaines de milliers d’habitants. Ils vivent cette saison pluvieuse, pour une fois, dans la sérénité. Reportage.
Depuis bientôt deux heures, il pleut sur N’Dotré. Des éclairs déchirent le ciel assombri. Le tonnerre gronde tandis que la toiture des maisons reprend en chœur les staccatos des trombes d’eau qui tombent comme de petites bombes. Un vent frais se fraie un chemin entre les couloirs du faubourg. La pluie est intense ce 3 juillet. Et pourtant, Amy et sa petite sœur Aïcha sont en train de jouer dehors, à côté de la cour. Sous cette forte pluie, les deux fillettes sautent, crient, courent, se trainent sur le sol argileux et mouillé, visiblement heureuses de goûter à ce bonheur infantile de s’amuser sous la pluie. De loin, Karidja, leur grand-mère, assise sous le petit apatam devant la cour, qui fait office de cuisine, garde un petit œil sur elles. Mais son attention est plus portée sur le repas de midi qui est au feu et dont elle s’emploie à achever la préparation. C’est bientôt l’heure du déjeuner. Karidja ne montre aucun signe d’inquiétude pour ses petits-enfants qui jouent sous la pluie.
Il y a tout juste un an, une telle scène ici à N’Dotré, était inimaginable. Dans ce gros quartier précaire au nord de la commune d’Abobo, on redoutait la saison des pluies comme la peste. Pour les habitants, elle s’assimilait à une période de deuil. En effet, chaque année, on dénombrait des morts, même s’il n’y a pas de statistiques précises, mais aussi d’importants dégâts matériels. Des personnes étaient emportées par les eaux pluviales, dont le débit s’est progressivement intensifié à mesure que les ravinements s’agrandissaient et s’approfondissaient. Les inondations et éboulements étaient fréquents. Le quartier non bitumé ne disposait d’aucun système de drainage aussi bien des eaux usées que celles de pluie. Personne ne voulait donc se retrouver dehors en temps pluvieux, car le danger était permanent. Encore plus pour les enfants. Mais cette année, une solution semble avoir été trouvée. Ce qui explique la sérénité de Karidja.
« A part peut-être tomber et se blesser, elles ne courent pas vraiment de danger en jouant là sur la voie, surtout pas d’être emportées par l’eau puisque toute l’eau qui tombe s’écoule en bas. Il y a un grand caniveau sous le sol, depuis la grande voie au loin là-bas et qui passe par ici. Ça a été construit récemment, et depuis que les pluies ont commencé, tout se passe bien. Même quand la grosse pluie de la dernière fois est tombée, il n’y a rien eu comme dégâts ici. Merci au gouvernement qui a pensé à nous pour une fois. » Dit Karidja, tout en rabattant sur elle son voile noir et se rapprochant du foyer pour se réchauffer.
La septuagénaire poursuit : « les années passées, quand il pleuvait, l’eau coulait tellement fort ici et sur toutes les ruelles du secteur que si que tu avais le malheur de glisser, tu pouvais être emporté par l’eau. Il y a deux ans de cela, il y a eu je crois huit morts dans le quartier. Pour aller à la mosquée, j’étais obligée de faire le grand tour. C’était épuisant, vu mon âge. Je n’aurais même pas pu m’asseoir ici, puisque tout cet espace où nous sommes aurait été inondé. Mais grâce à Dieu, aujourd’hui, tout ça, c’est le passé. »
Des centaines de milliers de vies sécurisées
Le gouvernement a pensé aux populations de N’Dotré en construisant de grandes canalisations destinées aux eaux pluviales dans cette localité. Plus qu’une nécessité, ces travaux étaient urgents. Il fallait endiguer les torrents d’eau et les risques qu’ils faisaient courir aux populations riveraines en saison pluvieuse.
Les travaux qui ont démarré en mars 2022 sont achevés à presque 100%. Ils constituent la première phase d’un projet plus vaste dénommé Projet d’assainissement et de résilience urbaine (Paru) financé par le Groupe de la Banque mondiale et mis en œuvre par le ministère de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité. N’Dotré qui compte près d’un demi-million d’habitants souffrait, en effet, d’un manque criant d’infrastructures : aucune voie bitumée, des réseaux d’électricité et d’adduction d’eau potable défaillants, absence d’ouvrages d’assainissement etc.
Le quartier qui enregistre de fortes précipitations du fait de sa proximité avec la luxuriante forêt du Banco, s’est étalé anarchiquement sur un plateau accidenté. Le relief est inégal. A certains endroits, la pente est fortement inclinée, ce qui accélère le débit des eaux pluviales. Les bosses, les trous et les amoncellements pierreux rendent pénible la circulation en voiture. Autant garer notre 4X4 et continuer notre parcours à pied, surtout que grâce aux canalisations réalisées, l’équipe de reportage ne risque pas d’être emportée par l’eau qui coule à flots. Elodie Gomez, spécialiste communication au Paru, rencontrée sur place à la base vie du projet, décide elle aussi de braver la pluie qui a légèrement baissé en intensité, en nous accompagnant dans notre reportage. Se joignent également trois membres de la mission de contrôle.
« La réalisation de ces ouvrages était une urgence pour ce quartier. Les dimensionnements des caniveaux ont été bien étudiés et adaptés au terrain. La profondeur minimum est de 1,5mètres et la largeur atteint 12 mètres vers l’exutoire. Ces canalisations mettent à l’abri du danger plus de 280 000 personnes. Notre objectif est qu’on ait désormais zéro victime pendant la saison des pluies. Pour l’instant, il est atteint.» Se targue Elodie, en nous montrant tout ce qui a été fait. Les canalisations ont été construites dans le passage naturel de l’eau.« Nous n’avons pas créé de nouvelles routes pour l’eau, afin de limiter les dommages aux populations. Nous avons juste suivi les sillons déjà laissés sur le sol. Il y a quatre points de départ des canalisations. Le premier point est dans le quartier d’Anonkoua-Kouté à côté du Lac aux Caïmans ; le deuxième au carrefour Radio Arc en Ciel ; le troisième au carrefour Kobakro et le dernier au niveau de la cité Sotrapim. Tous ces itinéraires se croisent à un point donné et se jettent dans l’exutoire de la forêt du Banco », explique-t-elle. A certains endroits, les canalisations sont construites en surface,donc visibles et à d’autres – les secteurs à forte concentration d’habitations – elles ont été enterrées.
Routes boueuses
« Vous voyez la ruelle là-bas ? Il y a un caniveau en dessous. De même que celle sur laquelle nous marchons», fait savoir Elodie. Large d’environ six mètres, la voie que nous avons empruntée, dans le secteur Aboua Samuel du nom de l’un de ses premiers habitants, est très boueuse. La boue est épaisse à cause des travaux qui ont été faits en dessous. Le sol auparavant compacte est devenu meuble puisqu’il a été creusé. Il prend facilement l’eau. Ce qui explique les nombreuses flaques d’eau sur la voie. Il y en a à tous les deux mètres. La boue arrive à la cheville. Ce qui impose la prudence. Au pied des murs non crépis qui bordent cette voie, les petites herbes sauvages et la moisissure verdâtre rebutent tout passant. L’endroit n’est pas agréable à voir. Et laisse entrevoir une petite insuffisance des travaux réalisés : les voies sous lesquelles il y a des caniveaux sont devenues difficilement praticables à cause de la boue.
« Tout ça va être pris en compte dans la deuxième phase du projet, qui va démarrer d’ici la fin de l’année. Il y aura des travaux routiers associés. Mais avant, un reprofilage léger sera fait avant la fin de la première phase prévue au mois d’août. » Rassure Elodie. Pantalon et teeshirt jogging, le capuchon bien serré sur la tête, les mains dans les poches, Yannick Abiahi, âgé d’une vingtaine d’années, marche pas pesants et prudents au milieu de la voie en enjambant les flaques d’eau. Même s’il s’est préparé en conséquence – il porte une paire de basket à semelle épaisse – il fait attention à ne pas glisser et tomber dans la boue. Pour lui, c’est quelque chose qu’il faut corriger pour que les travaux réalisés soient parfaits à ses yeux.
« Je ne sais pas si à la longue, ils vont mettre du bitume ou du gravier, mais ce serait bien qu’on le fasse parce qu’on en a vraiment besoin. Vous-mêmes vous voyez, la boue nous fatigue. Regardez la moto là-bas en train de patiner. C’est dangereux tout ça. A défaut du bitume, il faudrait au moins faire venir des engins pour compacter le sol. Si c’est fait, tout sera top », plaide Yannick. Toutefois, il relativise ses critiques, puisqu’il a connu pire. « Je me plains de la boue, certes, mais il faut dire que c’est nettement mieux que les années passées. Maintenant, j’arrive au moins à me promener sans peur. A ma première année dans le quartier, j’ai failli être emporté par l’eau aux alentours du pont Hamed Bakayoko. Là-bas, l’eau coulait un fleuve », se souvient-il.
Des dalots en lieu et place des passerelles de fortune
L’endroit dont Yannick parle se trouve à 300 mètres plus au sud, dans le bas-fond. Ici, le caniveau qui passe est le plus long, le plus large et le plus profond. Plus de cinq mètres de profondeur et jusqu’à 12 mètres de large. Ses dimensions sont les mêmes que le ravinement dans lequel il est construit. Les eaux pluviales qui descendent de toutes les ruelles s’y déversaient et s’écoulaient jusqu’à l’exutoire de la forêt du Banco. Ce gros sillon formé par un lessivage intense du sol avait fini par couper le quartier en deux parties. Les automobilistes hésitaient à le traverser. Pour passer, les plus téméraires devaient s’enfoncer et remonter ensuite. Parfois en laissant des séquelles à leur voiture. Avec les moyens du bord, les riverains avaient créé des passerelles de fortune aux endroits critiques pour relier les deux parties du quartier, dont le petit pont métallique qu’ils ont baptisé Hamed Bakayoko en hommage au défunt maire d’Abobo. Cette solution précaire étalait ses limites à chaque saison pluvieuse.
Ahmed Ouédraogo, réparateur de motos juste à côté, se souvient avec tristesse de quelques scènes dramatiques dont il a été témoin et qui lui donnent encore froid dans le dos. « Il y a deux ans, à la même période, un monsieur et sa femme ont été emportés par l’eau ici sous mes yeux. Ils ont trébuché sur le petit pont. Je ne pouvais rien faire, parce que si j’essayais de les sauver, j’allais moi-même être emporté avec eux. L’année d’avant, c’était une femme ses deux enfants qui ont été emportés à ce même carrefour. L’année passée, à la veille de la Tabaski, l’eau est partie avec un 4X4 qui tentait de passer », regrette-il.
Aujourd’hui, en lieu et place de ces passerelles de fortune, on a mis des dalots – de solides ouvrages de franchissement en béton armé – suffisamment grands pour laisser passer tous types d’engins, même les camions poids lourd. Il y en 13 au total, disposés à intervalles réguliers sur la canalisation et aux points critiques pour faciliter le passage d’un secteur du quartier à un autre.
Totale adhésion au projet
Kouman Ouattara qui a sa maison à proximité de ce grand caniveau a dû céder une partie de son terrain pour faciliter la réalisation de l’ouvrage. Le vieux retraité qui vit là depuis 2009 affirme l’avoir fait de gaieté de cœur, « conscient »qu’il est des enjeux pour le quartier. Mais à vrai dire, il n’avait pas le choix. Car la nature allait lui forcer la main.« Je crois que c’est moi qui suis le gagnant dans cette affaire, parce que c’est sûr qu’avec le temps, l’érosion allait finir par détruire ma cour. Et j’allais être obligé de déménager. Je dormais la peur au ventre, depuis que la clôture de mon voisin s’est effondrée. C’était l’an dernier. Il y a beaucoup de problèmes à régler dans le quartier, mais c’était cela le plus urgent. Grand merci au Président de la République », dit-il, les yeux plongés dans son smartphone revisionnant les vidéos de quelques sinistres passés dans le quartier et dont il a gardé les images.
Le commentaire que fait Elodie à la suite de Kouman Ouattara laisse transparaître un sentiment du devoir accompli. « Je suis moi-même émerveillée par la transformation de cet endroit. Des voix plus autorisées que la mienne vous le diront, mais personnellement je ressens une grande fierté de savoir qu’on a répondu aux attentes d’une population qui était dans le besoin », confie-t-elle émue.
Pour Charles Ouraga, membre de la mission de contrôle, la forte pluie qui est tombée sur Abidjan, dans la nuit du 10 au 11 juin, et qui a fait des victimes dans d’autres quartiers d’Abidjan, était le test parfait pour mesurer l’efficacité des ouvrages réalisés. Selon lui, le test est réussi. « Cette pluie-là a malheureusement causé des morts dans plusieurs quartiers d’Abidjan. Mais ici, tout le monde a été épargné, grâce aux caniveaux. En tout cas, à la suite des premières observations faites, nous sommes satisfaits. Les ouvrages résistent bien aux intempéries. Dès que la pluie cesse, dans l’heure qui suit, il n’y a plus d’eau dans les caniveaux» note-t-il.
FAUSTIN EHOUMAN
Après Abobo, le cap sur Yopougon
Pour un coût global de 315 millions de Dollars US soit environ 155 milliards de F Cfa financé par le Groupe de la Banque mondiale, le Projet d’assainissement et de résilience urbaine (Paru) qui s’étend sur une période de six ans vise, à terme, à impacter positivement le quotidien de deux millions de personnes. Dans sa première phase dont les travaux ont été exécutés par l’entreprise chinoise Sino Hydro et qui est en train de s’achever, ce sont les quartiers d’Anonkoua-Kouté et de N’Dotré dans la commune d’Abobo qui sont concernés. Après Abobo, ce sera le tour de Yopougon, ensuite la Riviera-Bonoumin, après le secteur deSynacassi à M’Pouto et enfin Grand-Bassam. « Le processus d’indemnisation des impactés a déjà démarré à Yopougon. En août, les travaux démarrent », affirme Elodie Gomez, spécialiste communication au Paru. A Attécoubé également, ajoute-elle, il y aura un projet visant à protéger les populations des éboulements, mais celui-ci portera sur les solutions basées sur la nature.
F.EHOUMAN
La sécurité des populations assurée, bientôt l’embellissement
Les canalisations des eaux pluviales réalisées à N’Dotré et Anonkoua-Kouté sont avant tout un outil de sécurisation et de désenclavement des populations bénéficiaires. Le projet qui a permis la construction de grands caniveaux d’un linéaire total de 7,7 kilomètres, met à l’abri des inondations 281 000 personnesselon le Paru (Projet d’assainissement et de résilience urbaine) dans le cadre duquel ces canaux ont été réalisés. Ainsi, depuis le début de la saison des pluies, aucune victime n’a été signalée à N’Dotré, contrairement à d’autres quartiers d’Abidjan où il y a eu des morts et des disparus. On parle d’une vingtaine de morts depuis le début des pluies.
Les populations de N’Dotré désormais sécurisées, la prochaine phase du projet sera consacrée àdes travaux routiers associés et surtout à l’embellissement. Un aménagement paysager est prévu le long des canalisations. « La dernière étape de cette première phase du projet sera de faire de petites canalisations à la surface des ruelles et les raccorder aux gros caniveaux afin de capter toutes les eaux et éviter qu’elles stagnent après les pluies. Et de mettre des barrières de protection sur tout le long des parties apparentes des caniveaux de sorte à empêcher toute intrusion et protéger ainsi les populations. Ensuite, dans la deuxième phase du projet, on passera à l’embellissement. Tout autour des caniveaux, seront aménagés des espaces agréables et épanouissants, mais aussi des aires de jeu, de sports, des pistes cyclables afin de permettre aux populations d’ici de mieux profiter de leur cadre de vie », explique Elodie Gomez, spécialiste communication au Paru.
F.EHOUMAN
Les eaux usées et les ordures, une menace !
Les nouvelles canalisations des eaux pluviales réalisées à N’Dotré ont déjà démontré leur efficacité. Mais, elles sont exposées à deux gros risques à savoir les eaux usées et les ordures ménagères. Le quartier ne disposant d’aucun système de drainage de ces fluides et de ramassage des ordures, les habitants sont naturellement tentés de les déverser dans les canaux. Or, ceux-ci ne sont pas adaptés aux eaux usées et aux ordures, qui pourraient facilement les obstruer. « Elles peuvent les endommager assez vite, car le matériau utilisé pour les réaliser en est très sensible. Il y a déjà des maisons qui ont commencé à se brancher aux caniveaux», regrette Charles Ouraga, du cabinet Merlin qui assure la mission de contrôle.
La seule solution qui s’impose actuellement reste la sensibilisation. « Les gens ne doivent pas considérer ces caniveaux comme le dépotoir idéal pour y déverser leurs déchets et leurs eaux usées. Nous avons déjà commencé la sensibilisation dans ce sens, après un constat de quelques incivilités », indique-t-il. Et il ajoute : « dans notre démarche de sensibilisation, nous mettons les propriétaires de maisons devant leurs responsabilités. Chacun doit réaliser des fosses septiques dans sa cour. C’est le minimum ».
Le long des caniveaux, des pancartes de sensibilisation ont été posées. Et des volontaires du quartier apportent leur contribution. La sensibilisation oui, mais sans une vraie solution, la durabilité de ces nouvelles infrastructures d’assainissement ne peut être garantie, selon Charles Ouraga. « Le gouvernement et les autorités locales est interpelés en premier ressort. S’ils veulent que ces canalisations résistent longtemps, ils doivent trouver une solution durable à ce problème, en construisant des canaux pour les eaux usées et en mettant en place un bon système de ramassage des ordures », dit-il.
F.EHOUMAN
Songer à présent aux routes, aux écoles et aux hôpitaux
Le problème de drainage des eaux pluviales est maintenant réglé à N’Dotré. Il faut maintenant s’attaquer aux autres défis, qui sont nombreux et colossaux. En effet, ce gros quartier précaire situé au nord de la commune d’Aboboet à la frontière de la commune d’Anyama, manque de presque tout. Il s’est développé assez rapidement après la crise post-électorale de 2011 et les infrastructures de base n’ont pas pu suivre ce rythme.
La voirie est inexistante, de même que le réseau d’assainissement des eaux usées. Les réseaux d’approvisionnement en eau potable et en électricité sont défaillants. Pire, le quartier qui compte près de 500 000 habitants selon ses responsables (chiffre non officiel), ne dispose jusque-là pas de services publics. Aucune école et aucun centre de santé public. Les établissements scolaires et sanitaires du quartier sont détenus par des privés. Ce qui n’est pas toujours à la portée des habitants. En effet, constituant l’une des zones de relégation sociale d’Abidjan, N’Dotré abrite en majorité des populations à revenus modestes.
André Flan, officier de police à la retraite et président du quartier central, nous a reçus à son domicile dans le côté sud du quartier, pour nous expliquer la situation. « Notre quartier connait une extension rapide. A ce jour, nous valons un demi-million d’habitants. Nous avons écrit à plusieurs reprises à nos autorités afin de leur demander des écoles et des hôpitaux, mais les solutions tardent à venir. Or, le quartier continue de s’étendre. Actuellement, il nous faut au moins trois centres de santé et au moins quatre écoles primaires et deux collèges », demande-t-il.
Toutefois, on note quelques actions sporadiques qui sont entreprises par la mairie d’Abobo, mais qui restent encore insuffisantes pour une population aussi importante. « Nous avons plaidé auprès de la mairie, qui nous a offert deux kilomètres de voirie, dont les travaux ont débuté. C’est un geste que nous avons apprécié, mais vous comprenez que c’est dérisoire pour le quartier. Un commissariat, une petite école primaire et un dispensaire ont été construits récemment, mais ne sont pas encore fonctionnels. Il faut que le gouvernement pense vraiment à nous », plaide André Flan.
F. EHOUMAN