Si Abobo avait une mauvaise réputation, c’était surtout à cause la forte criminalité qui y régnait. La commune était réputée pour ses gangs de ‘’microbes’’ (enfants en conflit avec la loi) qui agressaient régulièrement les populations avec une violence inouïe et donnaient du fil à retordre aussi bien aux forces de l’ordre qu’aux autorités municipales.
Cependant, depuis ces trois dernières années, en tout cas depuis l’arrivée de feu Hamed Bakayoko à la tête de la commune, on parle de moins en moins de ce phénomène à Abobo, il a apparemment été endigué au sein de la commune.
La solution ? Elle a été discrète mais très efficace, comme l’a voulu le défunt maire qui était aussi le Premier ministre et ministre de la Défense. En effet, à en croire les autorités municipales, les leaders et les têtes pensantes de ces gangs ont tous été recherchés et discrètement épinglés. Une fois les têtes tombées, les forces de l’ordre ont été mises en alerte et ont renforcé les patrouilles partout dans la commune. Ce qui leur a permis de mettre le grappin sur bon nombre d’entre ces jeunes bandits. Si certains ont été emprisonnés, d’autres ont eu la chance d’être reconvertis dans divers métiers nobles grâce à une politique municipale de reconversion de ces enfants.
L’un d’entre eux que nous avons rencontré et qui a requis l’anonymat, raconte. « Grâce au Premier ministre Hamed Bakayoko, paix à son âme, et au Président de la République, j’ai bénéficié d’un programme de formation et de réinsertion à M’Bayakro où j’ai appris le métier de menuiserie. Ça m’a permis de comprendre la vie et de réaliser que je peux apporter moi aussi quelque chose de positif à la société », se réjouit-il.
Cette politique est menée avec l’appui de plusieurs organisations de la société civile. Il faut dire également que l’Etat œuvre pour la réinsertion de ces jeunes à travers une politique plus large qui concerne toutes les communes où il y a des ‘’microbes’’. Si on peut dire aujourd’hui qu’il n’y a plus de ‘’microbes’’ à Abobo, il ne faut néanmoins pas jubiler puisque nombre d’entre eux ont intégré des réseaux criminels dans d’autres quartiers d’Abidjan notamment à Attécoubé ou Adjamé.
FAUSTIN EHOUMAN
Ces anciens qui n’ont jamais quitté leur quartier de chance
D’Abobo, sont issues et ont vécu nombre de personnalités bien connues en Côte d’Ivoire, aussi bien dans le domaine culturel que sportif et politique. Des stars comme feu Lougah François, Salif Kéïta, Mory Kanté, Gervinho, Tiken Jah etc. ont habité pendant de longues années à Abobo avant et pendant leurs heures de gloire pour plusieurs d’entre elles.
Si certains grands noms ayant vécu à Abobo sont décédés ou ont quitté la commune pour des raisons qui leur sont propres, d’autres y résident encore. Et n’envisagent même pas de quitter un jour la commune, contrairement à cette tendance à Abidjan qui veut que lorsqu’on a atteint un certain niveau social on aille systématiquement habiter à Cocody. C’est le cas par exemple du célèbre comédien Adama Dahico. Vivant à Abobo avec sa famille depuis 1983, Adama Dahico a construit sa propre maison à Abobo-Belle ville où il a aménagé avec sa petite famille depuis 2008.
Pour lui, « il n’est pas question que je quitte Abobo. Je me sens très à l’aise ici malgré tout ce qu’on dit d’Abobo. C’est un quartier qui m’a porté chance et m’a permis de vivre ma passion qu’est le théâtre. C’est d’ici que j’ai explosé, d’ici où j’ai été à deux doigts de diriger mon pays (rires) ». Rappelons qu’AdamaDahico s’était présenté à l’élection présidentielle de 2010, faisant de lui le premier candidat à une présidentielle en Côte d’Ivoire résidant à Abobo.
A part lui, il y a aussi l’ancienne ministre de la Femme, de la Famille, de l’Enfant et des Affaires sociales, Jeanne Adjoua Peuhmond, membre des gouvernements Banny I et II, Soro I et II de 2005 à 2010 qui habite à Abobo. Avec sa famille, elle réside jusqu’à aujourd’hui dans son même domicile situé derrière la Pharmacie Dokui.
Citons également le chanteur zouglou Molière qui réside au quartier Colombie, et les comédiens Ouattara Ibn Abass alias Abass et Coulibaly Daouda dit Oméga David qui résident respectivement à Abobo-Habitat et Abobo Pk 18 route d’Anyama.
F. EHOUMAN